Lettres persanes
Usbek, un grand
seigneur persan intelligent et désabusé, accompagné de son jeune ami Rica, plus
malléable et enthousiaste, vient à Paris afin de découvrir les secrets et l’art
de vivre du monde occidental. Les mœurs, les caractères, les types sociaux, le
décor et la vie – tout les surprend et les pousse au parallèle avec leur propre
monde. Puis, une fois surmonté le premier désarroi, cette société nouvelle
révèle peu à peu ses fondements et ses lois, mais également ses drames.
L’étranger, d’abord étonné, devient observateur politique, philosophique, et
quasi-sociologue avant l’heure : « comment peut-on être
persan ? ».
Si, dès leur parution
en 1721, les Lettres persanes rencontrent
un considérable succès, c’est qu’au-delà du roman par lettres ce livre étrange
et neuf est une chronique politique en même temps qu’un journal de voyage.
C’est aussi un essai de morale, mais convenons qu’en Montesquieu le moraliste
est gai, et que le ton de ses lettres est volontiers narquois. Voltaire, ainsi,
a pu juger que, dans cet « ouvrage de plaisanterie », « plein de
traits annoncent un esprit plus solide que son livre ». En réalité, le
livre est aussi solide que l’esprit car la leçon du roman est que
l’impertinence est libératrice : l’écrivain accepte le monde où il vit,
mais refuse d’en être le dupe.
Les Lettres persanes de Montesquieu sont une
série très intéressante de lettres de deux persans en voyage à Paris. Ils
correspondent entre eux, mais également avec leurs amis, et leurs femmes pour
Usbek. Nous suivons ainsi deux histoires dans deux lieux très différents, Paris
où il y a Usbek et Rica, les deux persans, et le sérail d’Usbek où sont enfermées
les femmes de celui-ci, gardées par les eunuques. Les correspondances entre les
protagonistes sont intéressantes puisqu’elles nous montrent un point de vu extérieur des mœurs parisiennes et si les lettres d’Usbek sont plutôt
philosophiques, les lettres de Rica sont très amusantes à lire. Cependant, le
plus intéressant, et pas forcément le plus présent dans le roman, est ce qui se
déroule au sérail d’Usbek. En effet, les femmes y sont censées y être enfermées,
voilées à la vue de tous. Aucun homme ne peut, ne doit les voir en dehors de
leur mari, les seuls « hommes » à connaitre leur visage en dehors d’Usbek
sont les eunuques noirs qui les gardent, même les eunuques blanc qui gardent le
palais extérieurs ne peuvent entrer dans le harem où elles résident. Nous
suivons donc ces femmes qui au début disent le plus grand bien de leur mari
dans les lettres pour ce dernier mais qui dans la partie des lettres du sérail
se révoltent petit à petit pour amener au drame du sérail qui est vraiment le
plus intéressant.
C’est donc un roman
sympathique et amusant critiquant les mœurs parisiennes de l’époque.
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